Je ne connais pas l’ampleur des festivités de Noël et du Nouvel An en Espagne cependant pour la Semaine Sainte, c’est du sérieux et c’est peu dire. Durant toute la semaine qui commence avec le Dimanche des Rameaux et qui se termine avec le Dimanche de Pâques, toute l’Espagne est en fête mais c’est en Andalousie que la tradition est la plus forte. Dans de nombreuses villes et villages, des confréries organisent des processions où se mêlent religieux, pénitents qui revêtent leurs costumes de circonstance, bandas (fanfares), population locale très fervente et des milliers de touristes qui envahissent le sud de l’Espagne afin de participer à ces festivités.
Seulement à Malaga, 42 confréries organisent des processions à différents endroits de la ville et à chaque jour entre 6 et 8 défilés déambulent dans les rues souvent très étroites de la ville. Les différents trajets s’étirent sur 3 ou 4 km, passent tous à un moment donné sur l’Alameda Principal où l’on a installé plusieurs tribunes, puis sur la rue piétonnière Marques de Lorios et devant la Tribuna principal avant de poursuivre leur chemin jusqu’à leur destination finale. Pour vous donner un exemple, Lundi Saint, 6 processions ont circulé sur Marques de Larios entre 19h30 et minuit, la première confrérie commençant ses activités à 15h30 et la dernière à 20h00 (la procession de cette dernière s’est d’ailleurs terminée à 4h00AM). La coordination de tous ces évènements durant une même journée exige une logistique à toute épreuve; d’ailleurs les organisateurs commencent dès les jours suivants Pâques à préparer les différents défilés de l’année suivante.
Dans les confréries, on retrouve hommes, femmes et enfants, chacun revêtant le costume de pénitent associé au groupe. La plus vieille confrérie de Malaga date de 1505 et la plus récente de 1984. Dans chacune des processions, un ou deux trônes sont soutenus par des portadores et sur lesquels on a posé des statues qui proviennent d’églises de la ville. Pour chacun des trônes, on peut trouver jusqu’à 260 portadores qui se relaient car certains chars pèsent plusieurs milliers de livres.
Toutes les processions sont accompagnées par des bandas (groupes musicaux), principalement formés de cuivres et tambours. Les spectateurs applaudissent au passage des différents cortèges et des fanfares ou disent à voix haute des choses qui malheureusement ma connaissance de l’espagnol ne m’a pas permis de comprendre la signification. A la fin du cortège, les gens qui le désirent peuvent suivre le cortège, un peu comme nous le faisions du temps de la Fête Dieu lorsque nous étions enfants.
Nous avons assisté Lundi Saint à la procession de Los Gitanos , confrérie qui a vu le jour au 17e siècle. Deux trônes composaient le cortège, Jesus de la Columna avec 142 portadores et deux fanfares et celui de la Virgen de la O avec 170 portadores et une fanfare. Fait à noter, le Jesus de la Columna était de couleur noire. De plus, les trônes sont tellement pesants, que les porteurs ne peuvent marcher normalement en posant un pied devant l’autre; ils se dandinent plutôt de gauche à droite. On sent également une grande fierté chez les participants dans leurs différents rôles respectifs.
Que vous soyez Malaguegnos, Espagnols ou touristes, croyants ou non, le fait d’assister à une telle démonstration s’avère une expérience tout à fait enrichissante, nous permet de se recueillir et nous fait voir la ferveur religieuse du peuple espagnol.
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